Nous passons 80 % de notre temps en espace clos. L’air que nous y respirons peut avoir des effets sur le confort et la santé. La question de la qualité de l’air intérieur est une préoccupation majeure de santé publique.
Le radon est un gaz radioactif d’origine naturelle présent partout à la surface de la planète mais plus spécifiquement dans les sous-sols granitiques et volcaniques. Il provient de la désintégration du radium lui-même descendant de l’uranium qui est un constituant de la croûte terrestre. A partir du sol et parfois de l’eau dans laquelle il peut se trouver dissous, le radon se diffuse dans l’air. En atmosphère libre, il est dilué par les courants aériens et sa concentration est faible. Dans une atmosphère confinée, comme celle d’un bâtiment, il peut s’accumuler et atteindre des concentrations élevées.
Le territoire breton est très concerné par ce risque, près de 82 % de la population bretonne réside dans une zone à potentiel radon significatif, pourtant 40 % des Bretons et Bretonnes n’ont jamais entendu parler du radon et de ses effets sur la santé !
Selon une étude de l’InVS, 20% des cancers du poumon seraient attribuables au radon en Bretagne. Par ailleurs, si à long terme, l’inhalation de radon augmente le risque de développer un cancer du poumon, l’exposition à la fois au radon et au tabac multiplie par plus de 20 ce risque, à exposition au radon égale.
En Bretagne, l’atelier professionnel « radon et qualité de l’air intérieur » de l’association Approche Eco-Habitat apporte des informations et accompagne les particuliers, professionnels et collectivités dans la gestion du risque radon.
Le radon est reconnu par le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) comme un agent cancérigène, susceptible d'augmenter le risque de cancer du poumon. Il constitue la seconde cause de décès par cancer du poumon après le tabac et devant l’amiante.
En Bretagne, environ 20 % des décès par cancer du poumon seraient attribuables au radon (contre 10% France entière).
Fumeur – « ancien fumeurs » :
Le risque de développer un cancer du poumon est en outre multiplié par 20 lorsqu'on associe l'exposition au tabac et au radon.
- Il est recommandé d'arrêter de fumer. Votre médecin traitant ou un autre professionnel de santé peut vous apporter des conseils et vous accompagner dans l'arrêt du tabac ;
- L'arrêt du tabac permettra la protection de l'entourage exposé à la fumée.
Radon et zones géographiques
Du fait de la nature de son sous-sol granitique, la Bretagne est l’une des régions métropolitaines les plus fortement concernées par le radon.
Le territoire national est divisé en trois zones à potentiel radon définies en fonction des flux d’exhalation du radon des sols :
- Zone 1 : zones à potentiel radon faible ;
- Zone 2 : zone à potentiel radon faible mais sur lesquels des facteurs géologiques particuliers peuvent faciliter le transfert du radon vers les bâtiments ;
- Zone 3 : zone à potentiel radon significatif.
Les communes de France ont été réparties entre ces trois zones par arrêté interministériel du 27 juin 2018 portant délimitation des zones à potentiel radon du territoire français. Les quatre départements bretons sont concernés par des communes situées en zone 2 et 3.
Nombre de communes en zone 1, 2 et 3 dans chaque département :
|
Côtes d'Armor |
Finistère |
Ille et Vilaine |
Morbihan |
Zone 1 |
59 |
28 |
108 |
40 |
Zone 2 |
29 |
7 |
19 |
10 |
Zone 3 |
274 |
246 |
224 |
206 |
Nombre de communes |
362 |
281 |
351 |
256 |
La carte établie par l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN) précise le potentiel radon de chaque commune.
Enfin, le service Recosanté, développé dans le cadre du 4e plan national santé environnement, a pour ambition de faciliter l'accès aux données sur la qualité de l'environnement et aux bons gestes à adopter pour limiter les effets sur la santé. Il renseigne également sur le niveau de radon par commune sur l'ensemble du territoire français.
Si le radon se dilue très rapidement dans l’air extérieur, il peut s’accumuler dans des espaces clos et atteindre des concentrations élevées.
La présence de radon dans les bâtiments résulte de nombreux paramètres et plus particulièrement :
- Des caractéristiques propres au sol (concentration dans le sol, perméabilité et humidité du sol, présence de fissures ou de fractures dans la roche sous-jacente) ;
- Des caractéristiques propres au bâtiment (procédé de construction, présence ou non d’un vide sanitaire, fissuration de la surface en contact avec le sol, système d’aération, etc.) ;
- Du comportement des occupants vis-à-vis de l’aération des locaux.
Le radon dans les bâtiments provient presque exclusivement des émanations du sous-sol, la part des matériaux de construction tels que le granit étant faible. On observe généralement des concentrations plus élevées en hiver lorsque l’atmosphère dans les bâtiments est plus confinée.
Avoir le réflexe des bons gestes pour une meilleure qualité de l’air intérieur :
- Aérez votre logement, au moins 10 minutes par jour, même quand il fait froid ;
- Maintenez les systèmes de ventilation en bon état de fonctionnement et n’obstruez jamais les entrées et sorties d’air, même par grand froid ;
- Dans le cadre de travaux de rénovation énergétique, veiller au maintien d'une bonne qualité de l'air intérieur.
Se renseigner sur le potentiel radon de sa commune :
Pour cela : consulter la carte de l’IRSN. Si vous êtes en zone 2 ou 3, une mesure du radon dans votre habitat est recommandée.
Connaître la concentration en radon dans son logement :
Faire une mesure est le seul moyen de connaitre son exposition. Cette mesure est simple et peu coûteuse. Il est possible de réaliser la mesure soi-même. Cette mesure doit être effectuée dans les pièces les plus régulièrement occupées au rez-de-chaussée, sur une durée 2 mois ou plus et de préférence pendant une période de chauffage (saison hiver).
Certaines collectivités, dans le cadre du plan régional santé environnement et de leurs contrats locaux de santé mènent des actions de sensibilisation à la qualité de l’air intérieur et à la prise en compte du radon. A ce titre, elles mettent gracieusement à disposition de leurs concitoyens des détecteurs de mesure du radon. Renseignez-vous auprès de votre communauté de communes.
Limiter son exposition si les résultats des mesures sont supérieurs à 300 becquerels par mètre cube d’air (Bq/m3).
- Pour une concentration n’excédant pas 1 000 Bq/m3 : des actions simples, ne mettant pas en œuvre des travaux lourds sur le bâtiment, permettent en général d’abaisser suffisamment la concentration en radon :
- Appliquer des recommandations générales de bonnes pratiques : voir les bons gestes pour une meilleure qualité de l’air intérieur décrits précédemment
- Entreprendre des travaux simples :
- Assurer l’étanchéité des sous-sols, des vides sanitaires, des murs, des planchers et des passages de canalisation ;
- Ventiler le sol en dessous du bâtiment et les vides sanitaires ;
- Aérer les pièces en mettant en place, le cas échéant, un système de ventilation mécanique. Et faire une mesure de contrôle, pour vérifier que les actions menées ont été efficaces.
- En cas de concentration excédant 1000 Bq/m3 :
- L’ensemble des actions précédemment détaillées sont à réaliser ;
- Des travaux peuvent être entrepris, afin de réduire votre exposition au radon :
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Assurer l’étanchéité du bâtiment vis-à-vis des entrées de radon (étanchement des points singuliers - des canalisations, portes et trappes - entre le soubassement et le volume habité, traitements de surfaces et couverture des sols en terre battue). Il s’agit d’un préalable essentiel à l’efficacité d’autres solutions mises en œuvre en parallèle ;
- Augmenter le renouvellement d’air à l’intérieur des pièces habitées pour diluer le radon, sans causer d’inconfort, conformément aux dispositions de l’arrêté du 24 mars 1982 relatif à l’aération des logements ;
- Traiter le soubassement (vide sanitaire, cave…) pour réduire l’entrée du radon par une ventilation du soubassement ou la mise en place d’une légère dépression d’air par rapport au volume habité par extraction mécanique, lorsque cela est possible.
-
- L’outil d’autoévaluation proposé par Juradbat peut vous aider à identifier les actions à mettre en place ;
- En cas de difficulté, il peut être nécessaire de faire réaliser un diagnostic dans le logement par un professionnel, qui permettra de définir les travaux à réaliser
L'Agence nationale de l'habitat (ANAH) peut proposer une aide financière pour réaliser des travaux de réduction du taux de radon dans votre logement. Pour cela, vous devez respecter certaines conditions (ancienneté du logement, conditions de ressources...).
Vous n’avez pas d’obligation d’effectuer des mesures du radon ni de communiquer les résultats à l’acquéreur avant de vendre votre logement. Les vendeurs et bailleurs de biens immobiliers situés dans des communes de catégorie 3 ont l’obligation de fournir une information à leurs acquéreurs ou locataires (IAL) sur l’existence de ce risque et les moyens de s’en protéger.
La réglementation a été modifiée depuis le 1er juillet 2018. Il vous appartient de faire procéder, par un organisme agréé, à des mesures de concentration en radon tous les 10 ans et, lors de travaux entraînant une modification substantielle des bâtiments dans les cas suivants :
- S’il s’agit d’un établissement d’enseignement (y compris un bâtiment d’internat), d’un établissement d’accueil collectif d’enfants de moins de six ans, d’un établissement sanitaire ou médico-social disposant d’une capacité d’hébergement, d’un établissement thermal ou d’un établissement pénitentiaire situé dans une commune en zone 3 ;
- S’il s’agit d’un établissement d’enseignement (y compris un bâtiment d’internat), d’un établissement d’accueil collectif d’enfants de moins de six ans, d’un établissement sanitaire ou médico-social disposant d’une capacité d’hébergement, d’un établissement thermal ou d’un établissement pénitentiaire situé dans une commune en zone 1 ou 2, lorsque les résultats de mesurages existants dans ces établissements dépassent le niveau de référence de 300 Bq/m3.
Les résultats du mesurage doivent être affichés de façon permanente, visible et lisible, près de l’entrée principale de l’établissement, dans un délai d’un mois suivant la réception du dernier rapport d'intervention de l'organisme agréé.
Des actions doivent être entreprises par le propriétaire ou l’exploitant pour réduire la concentration en radon dans l’établissement recevant du public quand le niveau de référence de 300 Bq/m3 est dépassé.
Si l’activité volumique moyenne du radon est comprise entre 300 et 1000 Bq/m3, des actions correctives doivent être mises en œuvre (article R. 1333-34 et arrêté du 26 février 2019). Un nouveau mesurage du radon est effectué pour vérifier l’efficacité des travaux réalisés.
Si, à l’issue de ces actions correctives, l’activité volumique moyenne du radon se maintient au-delà du niveau de référence de 300 Bq/m3 ou si l’activité volumique est supérieure à 1000 Bq/m3, une expertise est nécessaire pour identifier les causes de la présence de radon. Il est conseillé de faire intervenir un professionnel compétent.
A partir de la réception des résultats du mesurage initial, le propriétaire ou l’exploitant dispose d’un délai maximum de 36 mois pour conduire les actions correctives simples ou l’expertise et les travaux et en vérifier l’efficacité par un nouveau mesurage.
Le CNFPT a organisé, en collaboration avec la Direction Générale de la Santé, plusieurs webinaires pour aller plus loin et vous aider dans l'appropriation de gestion de ce risque.
Pour plus de renseignements sur les types de travaux, vous pouvez consulter les fiches thématiques (ministère chargé de la santé, association approche éco-habitat).
L’ASN a récemment élaboré une « fiche d’information à l’attention des établissements recevant du public ». Cette fiche est complémentaire du guide destiné aux collectivités et résume les responsabilités des établissements recevant du public en tant que propriétaire ou exploitant des établissements soumis à la surveillance de l’exposition du public qui les fréquente, en tant qu’employeur et en tant que maître d’ouvrage.
Une boite à outils est à votre disposition pour vous aider à mettre en œuvre des actions locales de sensibilisation : elle comprend des outils pratiques pour entreprendre des actions d’information et de sensibilisation sur le radon, tels que des exemples de supports de communication, un rétroplanning de campagne de mesure, des réponses concrètes aux questions fréquentes sur le sujet.
Dans le cadre du plan régional santé environnement, l’ARS Bretagne subventionne des opérateurs afin d’aider les territoires, dans le cadre des contrats locaux de santé, à mettre en œuvre des actions d’amélioration de la qualité de l’air intérieur et de prise en compte du risque radon auprès des populations et de professionnels.
Par ailleurs, par l’intermédiaire de l’ARS dans le cadre d’un marché annuel piloté par la direction générale de la santé, des détecteurs de mesure du radon peuvent être mis à disposition dans le cadre de campagnes locales de mesures du radon dans l’habitat.
Pour obtenir des renseignements sur les moyens de prévention et les travaux de remédiation, vous pouvez contacter le Centre Scientifique et Technique du Bâtiment (CSTB). L’ASN a également publié un « guide de recommandations pour la protection des bâtiments neufs et existants vis-à-vis du radon » dont la partie technique a été élaborée par le CSTB. Ce guide expose les actions préventives ou correctives à appliquer pour préserver la qualité sanitaire des bâtiments.
Des solutions sont également détaillées dans le dossier thématique élaboré par le réseau breton bâtiment durable, intitulé Prévention et remédiation du risque radon dans les bâtiments.
L’atelier professionnel « radon et qualité de l’air intérieur » de l’association Approche Eco-Habitat apporte des informations et accompagne également les professionnels dans la gestion du risque radon.
Vous pouvez consulter les fiches thématiques (ministère chargé de la santé, association approche éco-habitat).